Chapitre 6
Aujourd'hui journée branle-bas de combat, départ de Dadou oblige. Vous vous demandez sans doute si Aurore à fini par prendre sa décision, et bien oui, elle part avec lui mais...dans un mois seulement. Nous sommes passés chercher les amoureux chez Dadou avec la voiture de Jean, fabuleuse idée quand on pense qu'il possède une Diane et que trois Polly Pocket remplissent son coffre. La moitié s'est retrouvé dans un taxi avec leur proprio. D'où l'utilité d'aller le chercher. Toute la clique s'est donc retrouvée à l'aéroport la larme à l'oeil, Aurore, son frère (Matthieu), Jean, Marie, et moi-même. Aurore refusant catégoriquement de lâcher Dadou une seule seconde, Matthieu et moi avons écopé de la corvée de valises. Tous les cinq mètres environ j'avais droit au "La vache ! Y a un cadavre là dedans ou quoi ?" de Matthieu pendant que derrière lui, je soufflais comme un boeuf en tirant tant bien que mal le deuxième sac de Dadou grâce à un système de ficelle mis au point par mes soins (système foireux donc). Et Dadou de me dire "Mais Noun' t'abîmes mon sac là !" "Ah bon ?! Ben pour ton prochain anniversaire fais-moi penser à t'acheter un sac avec des petits machins qui roulent là, tu sais des roulettes !"...
Après avoir enregistrer ses trois tonnes de bagages (Moi Marseillaise ? Meuh non !), nous voici face à la porte de la salle d'embarquement, Aurore est totalement deshydratée, trois heures qu'elle pleure (Tiens c'est marrant tout marche par trois chez moi), et nous autres : Matthieu, Jean, Marie et moi-même restons à observer Tristant et Iseult dans leur lamentation, d'un oeil ému tout de même. Les portes se sont refermées sur notre ami et nous avons pris le chemin du retour dans un silence inhabituel. Lassé de ce mutisme plaisant au départ -Aurore ne nous noyant plus de paroles- mais pesant à force, Jean tente de briser la glace avec un joyeux "Bon on peut se faire une bouffe ce soir ! Chinois ça vous tente ?" Et Aurore se met à me hurler dans les oreilles et à se moucher dans mon t-shirt, le silence avait laissé place à la cacophonie fracassante de ses sanglots. Dans le genre lourdaud, Jean détient la palme...j'ai même cru voir Marie lui asséner un coup de pied sécos dans le tibia.
Après avoir pris un pot à la maison, nous sommes effectivement allés manger un bout dans un petit coin sympa et très loin, très loin d'un quelconque quartier chinois. Aurore a tiré la tronche le nez dans son assiette le repas durant, ce qui a fini par m'exaspérer au plus haut point.
-"Bon allez là ça suffit ! Tu m'as percé le tympan, t'as ruiné mon t-shirt tout neuf a force de te moucher dedans, et maintenant tu me fais une gadou dans ton assiette en reniflant tous les quarts de seconde alors que je tente vainement de garder l'appétit devant ce spectacle pas très ragoûtant ! Ca va cinq minutes ! Tu le vois dans un mois ton Dadou alors tu ravale tes glaires, t'essuie tes larmes, tu mange ta gadou et tu nous fais pas chier !
- Ca va pas Noun' ? me sort Jean aussi blanc que son popotin en hiver (et en été aussi, je ne me souviens pas l'avoir vu porter un maillot de bain string...).
- Non ça va pas ! Ca m'agace, elle couine depuis ce matin alors qu'elle va revoir Dadou dans un mois mais ne semble pas avoir capté que, nous, elle nous a encore un mois et après hasta la vista ciao bye bye! alors merde je suis en droit de ne pas supporter de la voir gâcher le peu de temps qu'il nous reste à profiter de la vie ensemble !"
J'ai pris mes clics et mes clacs et suis rentrée chez moi...
Mon cynisme perpétuel fait parfois oublié aux autres que je suis un être humain capable de sentiments. Ma meilleure amie se casse au bout du monde, et on veut que je danse la carmagnole. Bon, j'avoue que son éloignement aura quelques côtés non négligeables : plus de "Noun' dort à la maison ce soir je veux pas restée toute seule, steuplaaaaaaai !" alors que, pour une fois, j'ai rencard avec un élément du sexe opposé à peu près fiable ou, qu'au pire des cas, je n'ai pas de petite culotte de rechange, ce qui fait donc que je me retrouve le lendemain avec une culotte d'Aurore qui, sur moi, s'apparente plus à une ceinture de chasteté qu'à autre chose.
Comble du désespoir le congélateur pleure ses pots de glace disparus et mon ventre pleure ceux qu'il ne verra pas ce soir. Point positif de la journée : les lésions causées sur mes tympans couvrent les râles et cris orgasmico-sexuels de mes voisins. Merci Aurore !
PS : Je viens de réaliser que je suis partie du resto sans payer ma part !